Documentation

Démontage de l’horloge de la Trinité

Démontage de l’horloge de la Trinité 800 470 HND

C’est en mai 2019 que Jean-Baptiste et des membres de l’association rapportent l’existence d’une horloge du même type que la « Collin-Wagner » disparue lors de l’incendie de la cathédrale.
Celle-ci se trouve dans l’église de la Trinité à Paris, édifice qui est actuellement l’objet d’importants travaux de restauration.
Une partie des travaux a été confiée à Paschal, une entreprise familiale sise à Wimereux (Pas de Calais), dont les compétences horlogères vont de la montre bracelet, l’horlogerie monumentale à l’art campanaire. Lorsqu’il est question de recouvrir le mouvement de l’horloge de la Trinité d’un sarcophage protecteur pour la suite des travaux, Bernard Paschal, gérant de l’entreprise contacte l’association.
Il propose une solution pour permettre d’accéder à l’horloge pendant les deux ans que durera le chantier. Plutôt que de bâtir un sarcophage en bois pour la mettre à l’abri des gravats, Bernard Paschal est disposé à démonter l’horloge, la transporter et la remonter dans un autre local. L’idée est excellente car elle présente de nombreux intérêts : un accès illimité au mécanisme qui permettra de relever avec précision les cotes de ses pièces, et la possibilité d’accéder aux pièces démontées pour en prendre les dimensions internes dans de bien meilleures condition que sur site. Dans un premier temps, il fallut trouver un point de chute. Les ateliers d’horlogerie de la Ville de Paris sont évoqués, mais ceux-ci ne disposaient pas de locaux disponibles susceptibles de recevoir le monumental mouvement horloger. Finalement, c’est l’école d’horlogerie de Paris qui répondit présent en proposant de le placer dans une grande salle de cours. Une convention fut passée entre l’école d’horlogerie et la Ville de Paris ouvrant la porte au démontage de l’horloge. Celui-ci a lieu le 31 janvier 2022 et c’est l’objet de ce reportage.

L’horloge de Saint-Augustin

L’horloge de Saint-Augustin 900 534 HND

Il y avait, si on en croit le catalogue de Collin, cinq horloges de la même gamme, quatre installées à Paris et une dernière en Espagne.
Celle de Notre-Dame a été détruite lors de l’incendie ; celle de la Trinité, arrêtée depuis cinquante ans, est restée relativement protégée dans son cabinet de bois grâce à l’heureuse initiative d’un employé de l’église ; celle de Saint-Augustin est encore présente et intacte bien qu’elle soit recouverte d’une épaisse couche de poussière qui a pénétré par les vitres brisées du cabinet de protection. La dernière était située dans le beffroi de la mairie du premier arrondissement.
Nous ne connaissons pas (encore) celle qui est en Espagne, à San Sebastian, mais elle est selon toute vraisemblance plus éloignée de celle de Notre-Dame que les deux autres.

L’horloge de Saint-Augustin est par ses dimensions la plus proche de celle de Notre-Dame.
Elle présente la particularité d’avoir conservé un remontoir d’égalité presque complet.
C’est elle que nous vous proposons de découvrir ici, en compagnie de Jean-Baptiste Viot de l’Association Horloge Notre-Dame et d’Antoine Walter de l’Atelier d’horlogerie de la ville de Paris.

Modelisation 3D Horloge Trinite Lycee Diderot

Mise au point

Mise au point 1191 1200 HND

À l’est, il y a eu une déferlante médiatique sur l’horloge de Notre-Dame.
Si nous traduisons bien, il s’agit de la manufacture RAKETA qui participerait à la reconstruction de l’horloge de Notre-Dame. 

Certains médias affirment même que la raison en est qu’il n’y a plus en France les savoir-faire nécessaires pour réaliser un tel travail (ce qui n’est bien évidemment pas le cas).  
Nous retrouvons l’article copié-collé publié par Médiapart et Franceinfo.

https://francais.rt.com/international/81839-manufacture-saint-petersbourg-va-aider-restauration-horloge-notre-dame-paris

https://www.arabnews.fr/node/42096/france

https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/incendie-de-notre-dame-de-paris/chantier-de-notre-dame-une-firme-russe-participe-a-la-reconstruction-de-l-horloge-de-la-cathedrale_4223523.html

https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/171220/incendie-de-notre-dame-une-firme-russe-participe-la-reconstruction-de-l-horloge

Une mise au point s’impose.

L’histoire commence par une conversations téléphonique avec Thierry Gasquez du magazine en ligne « Passion horlogère » qui me dit que depuis un certain temps, David Henderson-Stewart qui représente la manufacture Raketa située à Peterhof en banlieue de Saint-Pétersbourg essaye de nous joindre. 

J’appelle alors David Henderson-Stewart (qui parle français) lequel m’annonce que les horloger(e)s qui travaillent à la manufacture, touchés par l’incendie de Notre-Dame, avaient spontanément organisé une quête lorsqu’ils avaient appris qu’il y avait une horloge et qu’une association ayant pour objet son rétablissement existait.  
Je lui demande de communiquer aux horloger(e)s de la manufacture nos vifs remerciements. 
Le CEO de Raketa m’annonce alors que les techniciens constructeurs de RAKETA souhaitent participer à l’étude du mécanisme de l’horloge de Notre-Dame et éventuellement à la fabrication de pièces de l’horloge. 

Je lui envoie quelques photos prises par Bruno Cabanis (membre de l’HND), qui a consacré un chapitre à l’horloge de Notre-Dame dans son livre « Horlogerie Française – Les artisans du temps » Éditions Eyrolles.
Je lui communique également un lien vers le site de Denis Roegel.
Denis Roegel a examiné le mouvement le Notre-Dame en 2016 et en a tiré au printemps 2020 une modélisation qu’il a publié sur le site qu’il a créé pour l’occasion.
https://sites.google.com/view/horlogenotredame

À noter que Denis Roegel (qui ne fait pas partie de l’association) nous a régulièrement tenu informé de l’avancement de ses travaux et de sa volonté de partager son travail. 

Nous en étions là quand les médias russes se sont emparés de l’information à partir d’un article mis en ligne par Passion Horlogère.
https://passion-horlogere.com/raketa-les-horlogers-solidaires-avec-notre-dame/

C’est Denis Roegel qui nous informé de la suite : une série d’articles parus dans la presse et les médias russes, dont certains n’hésitent pas à affirmer qu’une entreprise russe va reconstruire l’horloge de Notre-Dame.
De son côté Denis Roegel accuse l’association HND de pillage scientifique.
Il est vrai que certains articles laissent croire que la modélisation a été faite par les ingénieurs russes ou par l’association HND  à partir des relevés de la Trinité dont la modélisation faite par les élèves du Lycée Diderot est en cours.

Modelisation 3D Horloge Trinite Lycee Diderot
Premières pièces de l’horloge de la Trinité modélisées par les élèves du lycée Diderot

Pour une personne découvrant le sujet, ces différences entre la modélisation en cours à la Trinité et celle déjà faite et publiée de Notre-Dame peuvent porter rapidement à confusion.

Il était donc nécessaire de faire une mise au point et c’est le but de cette communication. 

Redisons ici que l’association HND n’a pas pour objectif de construire ou de faire construire une nouvelle horloge, ce n’est pas son rôle. 
Elle se propose de participer à l’établissement d’un cahier des charges précis pour la reconstruction d’une horloge et d’identifier les moyens nécessaires à la fabrication de pièces aussi solides, pérennes et belles que celles que l’on pouvait faire au XIXe siècle.

La reconstruction de l’horloge est du ressort de l’établissement public en charge de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui émettra en temps utile un appel d’offre public.

Pour le reste, l’association Horloge Notre-Dame est ouverte à ce que tous les spécialistes du monde qui souhaitent d’une manière ou d’une autre participer à ce projet de restauration et reconstruction, puissent dialoguer ensemble et apporter leur aide. 
Il faut juste que les informations ne soit pas déformées mais ça, c’est une autre histoire…

J-B VIOT

Président de l’association Horloge Notre-Dame

L’association se concrétise

L’association se concrétise 749 1000 HND

Depuis notre réunion du 7 juin, la médiatisation sur l’horloge de Notre-Dame et sa sœur de la Trinité a été importante.
Même si quelques inévitables approximations ont lieu, l’important est le message : « il y avait une horloge à Notre-Dame et il ne faut pas l’oublier dans le projet de restauration ». Il faut que des millions de personnes soient au courant afin que les autorités ne puissent pas faire la sourde oreille le jour ou un projet sera proposé.
« Une œuvre en péril non visible dont on ne parle pas finit généralement par disparaitre physiquement ». Ça s’applique tout-à-fait aux mouvements d’horloges d’édifice, patrimoine très souvent négligé parce-qu’invisible au public.
L’horloge mécanique et les 4 discrets cadrans de Notre-Dame ne dérogent pas à cette règle.
Sans médiatisation, elle risque encore plus de rester définitivement à l’état de débris relégués dans un coin de réserve.

Le premier objectif, « le faire savoir » a donc été atteint et cela continue : l’AFP transmet le sujet à ses abonnés qui le demandent, régulièrement des journalistes posent des questions sur le projet ou demandent les autorisations pour venir prendre des images à la Trinité.
Il faudra faire en sorte que le grand public puisse suivre les étapes d’après.
Les contacts pris avec plusieurs médias faciliteront sûrement les choses.

Après cette période estivale où il ne se passe pas grand-chose en raison des vacances, une association va être créée. Pour cela, nous aurons l’aide de professionnels (avocat, commissaire aux comptes) afin d’éviter les conflits d’intérêts et pouvoir recueillir des fonds.
L’objet social de l’association sera la préservation et la conservation du patrimoine industriel en péril que représente l’ensemble des horloges mécaniques d’édifices.
Bien-sûr, le premier travail de cette nouvelle structure qui regroupera des professionnels concernera l’horloge de Notre-Dame.

Cette première « affaire » sera la porte parole de toutes les autres horloges encore en place et dont l’intérêt patrimonial échappe la plupart du temps aux autorités ou aux propriétaires qui on ont la charge. Il arrive encore que des mouvements anciens, qui ne sont pas repérés par des amateurs qui «sauvent les meubles » en les rachetant, partent à la ferraille à l’occasion de rangements ou de travaux.
Les professionnels membres de l’association, horlogers, restaurateurs du patrimoine, conservateurs, experts, collectionneurs dont les connaissances seront utiles aux travaux de documentation, architectes… apporteront bénévolement leur expertise et proposeront des solutions pour la réhabilitation d’horloges délaissées ou en danger de destruction.
Trop souvent, les restaurations de ces vieilles machines se font sans documentation et examen préalable. Il en résulte parfois des catastrophes qui dénaturent de façon irréversible de magnifiques mouvements (décapages, polissages qui arrondissent les angles des pièces, modifications irréversibles).

Cette horloge est probablement ancienne… On ne peut l’affirmer.
Exemple d’une remise à neuf qui a complètement dénaturé l’objet.


À part quelques amateurs dispersés dans des associations plus généralistes, il n’existe pas de structure spécialisée regroupant des professionnels travaillant dans la sauvegarde et la restauration du patrimoine.
Les administrations ou les propriétaires auront la possibilité de consulter ce collège de professionnels qui leur proposera une expertise afin de connaître la procédure la mieux adaptée pour, dans un premier temps bloquer la dégradation d’un mouvement oxydé et ensuite éviter les dégâts faits à l’occasion de restaurations intrusives.

Cette horloge dans « son jus » est en bien meilleur état de conservation que l’exemple précédant : tous les espoirs sont permis… Il suffit de bien réfléchir avant d’agir.


L’association pourra recueillir des signalements d’horloges en péril et prendre contact avec les administrations qui en ont la charge ou les propriétaires.
Un travail d’inventaire général pourra être commencé, en commençant par regrouper les recensements déjà faits localement.

Ce mécanisme d’affichage des heures (horloge de nuit de Saint-Paul Saint-Louis) devait être remonté toute les huit heures !
Il a fallu trouver une solution en adaptant ce dispositif de remontage automatique tout en respectant scrupuleusement le mouvement d’origine. Cette « amélioration » est totalement réversible : aucune modification du mouvement, aucun perçage dans les montants. Le style de l’ensemble a été autant que possible respecté (métaux utilisés, forme des dentures et des croisages, têtes de vis identiques à celles du mouvement).

Les horloges gagnent à êtres connues et répertoriées. C’est le cas pour cette grosse horloge de Saint-Paul Saint-Louis, église décidément bien dotée en ce qui concerne l’horlogerie…

En ce qui concerne Notre-Dame cette association regroupant des (et pas « que des ») professionnels (ce qui lui donne une légitimité face aux autorités) permettra de commencer les travaux concrets :

  • Demande d’autorisation d’accès à la Trinité pour commencer les relevés sur l’horloge-sœur ;
  • Demande d’accès aux éléments de l’horloge de Notre-Dame qui ont été retrouvés ;
  • Collaboration avec les écoles pour intégrer le projet dans un programme pédagogique ;
  • Contacts avec des associations horlogère, des Associations d’anciens élèves d’écoles d’ingénieurs etc.

La future inscription des savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art de l’arc jurassien à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO (espérons que ça va se faire…) va sûrement offrir de belles opportunités pour le projet.
Pour financer cette première étude, l’association recueillera des dons qui permettront de faire face aux inévitables frais et éventuellement faire travailler des entreprises spécialisées (qui devront êtres en dehors de l’association pour éviter les conflits d’intérêts).

Le collège de professionnels et d’experts réfléchira en parallèle pour proposer des solutions pour la reconstruction de l’horloge. Le cahier des charges de l’ancienne horloge devra être respecté : taille ; fonctions, construction mécanique de qualité en vue d’une utilisation longue (l’ancienne horloge fonctionnait depuis 152 ans et aurait continué à donner l’heure pour plusieurs siècles).
Les débats porteront par exemple sur une reconstruction exactement à l’identique ou une nouvelle conception sous forme de chef d’œuvre (à l’exemple de l’horloge de l’Hôtel-de-Ville de Paris reconstruite après l’incendie de 1871).
Une fois un projet arrêté, l’association en fera la promotion afin qu’il soit intégré dans les futurs plans de reconstruction de la charpente.
Voilà pour les premières réflexions, afin de mettre en place un cadre qui permettra de commencer les travaux après cette période estivale…
Une prochaine réunion d’information et de débats sera organisée après la rentrée.

Devenez membre bienfaiteur ou membre actif !

N’hésitez-pas à nous joindre.

ADRESSE :
HDN, Horloge Notre-Dame
123, rue de Rome, 75017 Paris

MAIL :
association[at]horlogenotredame.com
RNA :
W751254653

PHOTOGRAPHIES :
Bruno Cabanis
Jean-Baptiste Viot (Promouvoir un patrimoine horloger)

Tous droits réservés ® Horloge Notre-Dame 2020 – Design © Les Crayons